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Tant attendu, la Bourse de Commerce – Pinault Collection vient enfin d’ouvrir ses portes dans la Capitale. Au cœur de cet écrin de la collection d’art de l’homme d’affaires François Pinault, un cylindre de béton lissé sculptural sublime le dialogue entre patrimoine et création contemporaine.

 

UN PROJET QUI REVITALISE LE PATRIMOINE

Un rêve devenu réalité

 

« Au départ, c’était juste un rêve, un rêve qui paraissait hors de portée. Puis ce rêve est devenu une ambition. Et cette ambition est devenue aujourd’hui une réalité. » Ainsi parle avec émotion François Pinault d’un projet qu’il porte depuis de nombreuses années. À la recherche d’un lieu parisien où abriter sa collection de plus de 10 000 œuvres d’arts, l’homme d’affaires français a fini par trouver son Graal en plein cœur de la Capitale: la Bourse du Commerce.

 

Une équipe de concepteurs de talent

 

La réhabilitation de ce bâtiment à l’histoire tumultueuse – qui fut entre autre une halle aux blés puis le haut lieu des transactions marchandes à la fin du XIXe siècle -, a été confié à l’architecte Tadao Ando – auteur par exemple du Théâtre de Palazzo Grassi à Venise, du Musée d’art moderne de Forth Worth ou encore du Design Sight de Tokyo – avec Lucie Niney et Thibault Marca de l’agence NeM et l’agence Pierre-Antoine Gatier. Les designers français Ronan et Erwan Bouroullec ont conçu le mobilier, tandis que le restaurant a été confié aux bonnes mains du chef Michel Bras. Une équipe de grands talents dont l’immense défi était de réussir à transformer ce bâtiment emblématique de l’histoire de Paris en un musée d’art contemporain, sans intervenir sur l’édifice, classé aux Monuments Historiques.

 

Une restauration respectueuse

 

Après une restauration de plus de 3 ans qui lui a rendu son aspect de 1889 et en a sauvegardé tous les trésors, le lieu se découvre une nouvelle fonction. Le musée est organisé autour de dix galeries d’expositions, d’espaces d’accueil, de médiation et d’un auditorium. « Il s’agissait de revitaliser le monument : honorer la mémoire de la ville inscrite dans ses murs, et à l’intérieur, placer une autre structure, sur le modèle d’un emboîtement gigogne, résume Tadao Ando. Une composition instaurant un dialogue vivant entre le nouveau et l’ancien, créant un espace plein de vie comme doit l’être un lieu dédié à l’art contemporain. La vocation de cette architecture consistait à relier les fils du temps, passé, présent et futur. »

 

LE BÉTON LISSÉ AU CŒUR DU PROJET

 

Un cylindre sculptural

 

Point d’orgue de cette métamorphose spectaculaire : un cylindre de béton lissé trône majestueusement au centre du bâtiment circulaire. Les regards s’arrêtent sur cet anneau monumental et filent jusqu’au ciel parisien à travers la verrière. Telle une sculpture à la fois radicale et respectueuse, cette structure organise tout l’ensemble en permettant d’accéder aux trois niveaux d’expositions. Une forme géométrique pure, un cercle dans un cercle, qui sublime les lieux et reflète à merveille le talent d’Ando à manier le béton.

 

Le béton comme matériau impalpable

 

Lucie Niney et Thibault Marca, de l’agence Nem, détaille ce savoir-faire incomparable : « Tadao Ando utilise le béton parce qu’il est à la fois très pauvre et universel, on le trouve partout et on peut lui donner toutes les formes souhaitée. C’est cette notion d’intemporalité qui est travaillée : il n’y a pas de formule sur le béton, mais il y a une formule de son utilisation jusqu’au-boutiste, au sol, aux murs, au plafond, pour justement laisser oublier que c’est un matériau pauvre qui devient quasiment impalpable ; on fait de l’espace avec quasiment rien. »

 

  • Un défi structurel

 

Les chiffres de ce cylindre de béton lissé autoplaçant racontent aussi la gageure du projet : 29 mètres de diamètre, 9 mètres de haut, 50 centimètres d’épaisseur, 26 centimètres d’épaisseur pour la structure métallique intérieure, 863 trous de banches… L’ensemble n’a pas été conçu comme un mur plein mais comme un mur composé de deux voiles sur une âme creuse, une ossature sur laquelle le béton a été coulé sur place. Théoriquement ce cylindre est donc démontable, une réversibilité totalement dans l’air du temps.

 

  • Un projet intemporel

 

C’est la troisième collaboration entre François Pinault et le maître japonais. « Avec sa sensibilité esthétique minimaliste, faite de rigueur et de pureté, Tadao Ando est à mes yeux l’un des rares architectes à pouvoir instaurer avec subtilité le dialogue de la forme et du temps, c’est-à-dire entre l’architecture et son époque, revendique l’homme d’affaires. Tout en suivant scrupuleusement les repères historiques du bâtiment, Tadao Ando a conçu un projet qui concilie en un seul geste la radicalité et la simplicité. Il a réussi le tour de force de créer un nouveau monde à l’intérieur de cet édifice. Un monde respectueux du passé, célébrant le présent et embrassant l’avenir. »